Lutter contre le harcèlement : une priorité pour le DIP*

La feuille de route 2023-2028 du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) fixe un cap clair: « Pour répondre à sa mission, l’école doit être un espace sûr, sécurisant, propice à la qualité des apprentissages ». C’est dans cette perspective que s’inscrit la lutte contre le harcèlement scolaire et toutes les autres formes de violence entre élèves. Cet article présente l’action du DIP dans ce domaine et rappelle le rôle essentiel que peuvent jouer les parents. 

Définition

Le harcèlement scolaire, largement médiatisé ces dernières années, est une des formes de violence à laquelle un élève peut être un jour confronté. Il se définit comme une forme de violence constituée d’actes agressifs intentionnels – caractérisés par la répétition et l’abus systématique de pouvoir – perpétrés par un individu ou un groupe d’individus à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre seule.

La répétition est une des caractéristiques principales du harcèlement. Il faut s’en souvenir, d’une part, parce qu’il ne serait pas efficace de traiter toute forme de violence comme du harcèlement, lequel déclenche un protocole spécifique (voir ci-après). D’autre part, parce qu’il ne faut pas minimiser des brimades qui peuvent paraître anodines en soi, mais vont déployer des effets délétères à force de répétitions.   

La dynamique d’un harcèlement est rarement simple. Harceleur ou harceleuse, victime et témoins: ces rôles sont parfois difficiles à déterminer et sont susceptibles de changer assez rapidement. Ce qui est certain, c’est que tous les protagonistes ont à souffrir, de différentes manières, des conséquences potentielles de la situation. Les enfants témoins, qui sont dans une situation de vulnérabilité moindre que la victime, ont un rôle important à jouer en donnant l’alerte ou en refusant d’être en quelque sorte la caisse de résonance du harcèlement.   

Cyberharcèlement

De plus en plus, le harcèlement se déploie aussi sur les réseaux sociaux par la diffusion, via les smartphones, de rumeurs, moqueries, insultes, etc. On parle alors de cyber-harcèlement. Ce volet peut échapper plus facilement à la surveillance des adultes. C’est pourquoi, on ne peut qu’encourager les parents à dialoguer avec leur enfant pour l’accompagner le plus possible dans l’espace numérique et à être attentifs aux changements dans son comportement. Lorsqu’une situation problématique arrive à l’oreille de parents, l’établissement scolaire doit être alerté, comme pour toute situation de harcèlement, de sorte à évaluer la situation et la manière de la prendre en charge. 

Surtout, les enfants et adolescents doivent comprendre que les réseaux sociaux ne sont pas des zones de non-droit. Le harcèlement y a les mêmes conséquences dangereuses et peut faire l’objet de poursuites pénales (voir, à ce sujet, la page consacrée au cyberharcèlement du site de la Prévention suisse de la criminalité).   

L’école agit pour prévenir le cyberharcèlement, notamment dans les cours d’éducation numérique, en enseignant aux élèves le bon usage des outils numériques et en les sensibilisant à leurs responsabilités dans ce domaine. Ces messages sont également repris dans le cadre des interventions réalisées par la police auprès des élèves de 9ème du cycle d’orientation. 

Détecter, désamorcer

Concrètement, il est à la fois important de prévenir le harcèlement scolaire et, quand un cas est identifié, de le prendre en charge au plus vite. En effet, plus l’intervention est précoce, meilleures seront les chances d’en limiter les conséquences. 

Les établissements scolaires disposent depuis plusieurs années d’un mode opératoire qui précise le dispositif de prévention et d’intervention à mettre en place par chaque direction d’établissement, détaille les étapes du traitement des situations de harcèlement et est accompagné également d’un grille d’analyse des situations. 

Le personnel du DIP peut aussi s’appuyer sur la technique dite d’entretien de préoccupation partagée. Selon cette méthode, les adultes vont recevoir les différents acteurs d’une situation potentielle de harcèlement pour un entretien afin d’écouter attentivement leurs propos, puis d’analyser la situation et de la cadrer. Cette technique vise à encourager l’empathie, à développer les aptitudes sociales et à déconstruire le rapport de force en jeu dans les situations de harcèlement. Environ un millier de collaborateurs du DIP sont aujourd’hui formés à l’utilisation de cet outil. 

Dans le champ de la prévention, une pièce de théâtre « Un pour tous, tous pourris! » est aussi proposée aux élèves de 8P et est régulièrement jouée dans les écoles du canton. Celle-ci présente une situation de cyberharcèlement face aux élèves et permet d’ouvrir une discussion collective cadrée par les adultes. La réflexion se prolonge ensuite en classe.  

Renforcer la formation du personnel

Différentes formations ont déjà été mises en place par le passé pour former le personnel des établissements scolaires. En 2024, le DIP a lancé une nouvelle formation en ligne obligatoire destinée à tout le personnel encadrant les élèves dans les degrés de l’école publique du canton, soit plus de 8000 personnes. Le personnel des cycles d’orientation a inauguré les premiers modules de cette formation au printemps et les équipes du primaire les suivront dès cet automne.

La formation en ligne, qui s’intitule « Harcèlement scolaire: prévenir, repérer et agir », a comme objectif de former l’ensemble du personnel encadrant les élèves à la prévention, au repérage et à la gestion de potentielles situations de harcèlement entre pairs. Cette formation doit permettre d’identifier rapidement les élèves concernés et de les prendre en charge afin de limiter l’escalade de situations de violence entre pairs. Ces nouvelles connaissances déployées de manière homogène contribueront également à renforcer les actions en faveur d’un climat scolaire sain et le bien-être à l’école.  

Agir en tant que parents

En conclusion, la prévention du harcèlement scolaire est une responsabilité collective qui implique les directions d’écoles, les enseignants, les élèves et leurs parents. Les parents trouveront dans les ressources ci-dessous des conseils en cas de suspicion de harcèlement. C’est en travaillant ensemble et en restant vigilants que nous pourrons maintenir un environnement scolaire sûr et bienveillant pour tous les enfants du canton de Genève.

Ressources 

Le DIP a élaboré un dépliant à l’adresse des élèves et un dépliant à l’adresse des parents. Voici les conseils utiles pour ces derniers :

  • Écoutez attentivement votre enfant et encouragez-le à vous rapporter les faits; 
  • Rappelez en tout temps à votre enfant les règles de comportements à l’école et en société; 
  • Prenez contact avec l’établissement scolaire, c’est-à-dire avec l’enseignante ou l’enseignant principal de votre enfant pour lui demander d’évaluer la situation et, cas échéant, de mettre en place une cellule d’intervention; 
  • Ne prenez pas directement contact avec les victimes, les harceleurs ou harceleuses, les témoins ni leurs parents pour défendre ou accuser. Ces démarches enveniment la situation. L’établissement scolaire peut les contacter et agir en connaissance de cause;
  • Expliquez à votre enfant que vous êtes en contact avec les professionnels et l’école; 
  • Votre enfant a peut-être besoin d’aide. Au besoin, vous pouvez vous adresser à:
  • Services du DIP et de l’État 
    • Service de santé de l’enfance et de la jeunesse : 022 546 41 00 (permanence téléphonique: lundi à vendredi de 08:00-12:00 et 13:30-17:00) Office médico-pédagogique : 022 388 67 00 
    • Police cantonale de Genève : 022 427 81 11 

*Article rédigé par la direction générale de l’enseignement obligatoire